Partez à la découverte de Myriam, créatrice de chapeaux aux milles et unes formes et couleurs. Présente au sein du marché aux Puces de Saint-Ouen, cette entrepreneure artiste utilise un savoir-faire ancien pour créer des pièces uniques. À travers l'histoire de son entreprise Chapeautez-vous, Myriam nous livre son témoignage sur les possibilités que lui offre l'entrepreuneuriat notamment en lui permettant de s'adapter à son handicap. Une très belle histoire de micro-commerce !
Bienvenue à toutes les personnes curieuses qui aiment les belles histoires d’hommes et de femmes entrepreneurs. Je pilote Altavia Foundation. À chaque podcast, laissez-vous embarquer dans les coulisses d’un micro-commerce et de son créateur : son quotidien, son ambition, ses freins, ses fiertés. Prêt à être inspiré ? C’est parti ! Bonjour Myriam !
Myriam : Bonjour ! Merci pour votre accueil. On est aujourd’hui dans ma boutique : vous allez découvrir ce que c’est qu’être modiste et créatrice de chapeaux. Nous sommes au Marché Dauphine des Puces de Saint-Ouen, dans un environnement où l’on trouve beaucoup de vêtements et d’objets vintage.
C’est un chouette lieu. L’idée, c’est de rentrer dans les coulisses de votre activité. Pour commencer, pouvez-vous décrire votre métier ?
Myriam : Je suis modiste : je crée des chapeaux uniques et sur-mesure, avec une forte inspiration vintage. J’aime le style pin-up des années 40 et 50. Toutes mes créations partent de là.
Tout est fait main ?
Myriam : Oui. Tout est formé et réalisé à la main.
Quel a été votre parcours entrepreneurial ?
Myriam : J’ai commencé par un bac pro Métiers de la mode. Ensuite, j’ai travaillé « normalement ». Un jour, j’ai reçu par erreur un mail d’école listant des formations. Je l’ai lu attentivement et j’ai découvert la chapellerie. Je ne connaissais pas ce domaine ; j’en suis tombée amoureuse. J’ai suivi la formation… et me voilà.
Comme quoi, le hasard fait bien les choses ! Vous aviez une petite étoile ce jour-là. Pouvez-vous expliquer la différence entre chapelier et modiste ?
Myriam : En général, le chapelier produit des séries : le même modèle décliné. La modiste, elle, conçoit des pièces vraiment différentes, fabrique des fleurs à la main, travaille les plumes et de nombreux matériaux.
Justement, de quels matériaux avez-vous besoin ?
Myriam : Ça dépend des saisons. L’été : fleurs en soie, plumes, voilette… L’hiver : des matières plus résistantes comme le feutre, qui existe en différentes qualités (laine, lapin, etc.). Le même modèle n’aura pas le même rendu selon la matière. Les plumes peuvent rester, mais on ne les travaille pas de la même façon.
Cela ressemble à un métier d’artiste. Vous considérez-vous comme une artiste ?
Myriam : Un peu, oui. Chaque pièce est unique. Je travaille beaucoup au feeling, en m’inspirant de magazines anciens. Ce sont des créations, presque des sculptures qu’on porte sur soi.
Qu’est-ce qui vous a décidée à devenir indépendante et à vous lancer ?
Myriam : Après ma formation, j’ai créé mon auto-entreprise tout en travaillant à temps plein. Puis je suis tombée malade ; on m’a diagnostiqué une pathologie handicapante avec beaucoup de douleurs. En entreprise, c’était difficile de tenir le rythme. L’indépendance m’a permis d’adapter mon travail à mon état : ne pas travailler deux ou trois jours si besoin, ou m’y mettre à deux heures du matin quand ça va mieux. Je peux faire dix minutes, une heure, deux heures… J’écoute mon corps. Cette liberté a tout changé.
C’est un message très positif pour les personnes en situation de handicap. Cela peut devenir une opportunité d’adapter son quotidien à sa santé.
Myriam : Exactement. Et puis mon travail est devenu un plaisir. Les moments où je crée, ce n’est que du bonheur. Ça m’aide à être heureuse.
Nous sommes entourés de spécialistes du vintage. Aimez-vous travailler ici ? Y a-t-il de l’entraide entre artisans ?
Myriam : J’adore. C’est un paradis pour moi : j’aime les choses anciennes, les objets, les histoires. Ici, il circule énormément de connaissances et on rencontre des personnes formidables. Chaque journée est différente. Il y a de l’entraide, et parfois je tombe sur des stocks anciens de plumes, de voilettes ou d’autres matériaux : de vraies pépites.
Quel type de clientèle vient vous voir ?
Myriam : Des personnes qui vont à un mariage et veulent être chapeautées, des amoureux de mode et de vintage qui portent un chapeau au quotidien… Des Français, des Américains, des Anglais, des Allemands : un peu tout le monde.
Recevez-vous des demandes de créations sur-mesure ? Une anecdote ?
Myriam : Oui. Le sur-mesure complet est toujours un peu délicat : je peux réaliser la pièce rêvée, mais il faut qu’elle plaise une fois essayée. C’est plus simple quand on part d’un modèle existant et qu’on change couleur, garniture ou matière. Cela dit, j’adore les défis. Par exemple, j’ai créé un petit bibi pour une cliente au style 1900, avec des plumes que j’utilise rarement. Il a fallu sortir de ma zone de confort, et c’était génial.
Dans votre boutique, on voit déjà beaucoup de modèles. En changeant couleur, fleur, garniture ou matériau, on peut beaucoup s’amuser. Vous travaillez avec des formes en bois, c’est bien ça ?
Myriam : Oui, des formes en bois. On y moule la matière, comme pour une chaussure sur une forme. Le défi, c’est de faire épouser parfaitement la matière à la forme.
Votre atelier est chez vous ?
Myriam : Oui, c’est plus pratique. Ça demande de la place, mais je gagne du temps.
À quoi ressemble votre semaine type ?
Myriam : Le lundi, je suis aux Puces. Le mardi, je commence de nouveaux chapeaux avec les idées notées la veille, puis je les travaille tout au long de la semaine jusqu’au samedi, dimanche et lundi.
Le rythme des week-ends sur place n’est pas trop dur ?
Myriam : Non, c’est un plaisir. Aux Puces, c’est le monde qui vient à nous. Même décalé, on a de la vie, des rencontres.
Où trouvez-vous votre inspiration pour ces modèles très 40-50 ?
Myriam : Dans des magazines anciens que je glane depuis des années, dans les silhouettes des films d’époque… J’ai des piles de journaux : l’histoire de la mode est une mine.
Et la communication, comment vous faites-vous connaître ?
Myriam : C’est mon point faible. J’ai besoin de créer, c’est vital pour moi, donc ça, ça va. Le commercial et la communication, c’est plus difficile quand on est solo. Heureusement, des amis m’aident beaucoup.
On vous retrouve sur Instagram ?
Myriam : Oui : « Chapeautez-vous », le nom de ma marque.
Vous partagez ce stand avec une amie créatrice, c’est bien ça ?
Myriam : Oui. Elle travaille le cuir : bijoux, un peu d’ameublement et de décoration. On partage le loyer et, surtout, on s’entraide moralement. Quand l’une a un coup de mou, l’autre l’aide à avancer.
On adore le nom « Chapeautez-vous ». Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut se lancer ? Des choses que vous auriez aimé savoir ?
Myriam : On m’a donné un conseil : pas de règles. Ne pas se mettre de barrières. Se libérer pour créer ce qu’on a en tête. S’écouter, être aligné avec soi-même. S’il y a une difficulté, chercher une solution. Certaines pièces prennent des années : on bute, on cherche… puis un jour, la solution arrive.
Parlons des pièces. Le bibi, par exemple ?
Myriam : Le bibi, c’est ce que les femmes osent le plus. C’est pratique, moins encombrant, et sur les photos on est plus visible. Quand on n’a pas l’habitude des chapeaux, c’est parfait. Ensuite, on prend confiance et on se lance vers des pièces plus grandes.
Je trouve que ça apporte puissance et confiance en soi.
Myriam : Énormément. Je suis très timide de base. Aux Puces, j’ai commencé à les porter. J’ai reçu beaucoup de bienveillance. Les gens prennent le temps de dire bonjour, de sourire, de discuter. J’ai l’impression de sortir de l’ombre, d’être visible. Ils entrent dans mon univers.
Ce savoir-faire se perd-il ?
Myriam : Un peu, oui. Dans les années 50, il y avait des modistes partout ; tout le monde a une grand-mère qui en faisait. Aujourd’hui, beaucoup moins de monde, et les gens n’osent pas toujours porter des chapeaux. C’est dommage : c’est un très beau métier, on peut vraiment s’amuser. Avec une simple robe noire, un chapeau peut créer une tenue exceptionnelle.
Totalement d’accord : de bons accessoires métamorphosent une tenue.
Myriam : Souvent, on me dit « je n’ai pas d’occasion ». Il faut la créer ! Après les confinements, ce n’était pas simple, mais là les fêtes reviennent. On sent de la gaieté, l’envie de revivre, de se faire plaisir pour les mariages ou les courses hippiques. Le Prix de Diane, il y a deux semaines, a suscité beaucoup d’engouement.
Magnifique. On vous souhaite beaucoup de succès et encore plus de visibilité. Merci pour cet échange !
Myriam : Merci à vous. À très vite.
Au revoir.
Myriam : Au revoir.
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