Lola Zerbib
tourisme culinaire et expériences gastronomiques urbaines.
N°42 : Lola, fondatrice de Salive Paris

Dans cet épisode de À Vous le Micro-Commerce, on part à la rencontre de Lola Zerbib, fondatrice de Salive! Avec ses micro-voyages gustatifs, elle transforme la découverte culinaire en une véritable aventure sensorielle.

Une carte illustrée, un kit à récupérer, puis 5 adresses confidentielles pour explorer un quartier autrement : Lola nous partage son parcours d’entrepreneure et sa vision créative pour croquer la capitale différemment. Dans cet échange inspirant, elle raconte comment elle a donné vie à Salive, un projet entre food, design et exploration urbaine. Un épisode incontournable pour les passionné·e·s de gastronomie et d’entrepreneuriat !

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Bienvenue à tous les curieux qui souhaitent découvrir des récits d’hommes et de femmes entrepreneurs. Vous êtes ici sur la chaîne microco.com, sur notre podcast « À vous le micro-commerce ». Tous les mois, on rentre dans les coulisses d’un entrepreneur.

Il va nous raconter ses succès, ses difficultés, ses freins et son quotidien. Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de Lola Zerbib, une multi-entrepreneuse qui a créé à la fois un cabinet de design, mais aussi Salive, qui propose des parcours gustatifs dans Paris. Un modèle assez original. C’est parti !

Bonjour Lola.

Bonjour Coralie.

Bienvenue dans notre podcast « À vous le micro-commerce ».

Merci de me recevoir.

Tu es designer, créatrice de contenu et multi-entrepreneure, « serial entrepreneur », puisque tu as créé deux sociétés : le studio Ravage et Salive. On plonge tout de suite dans ton parcours. Pour commencer, quelles ont été tes études ?

J’ai choisi assez rapidement ma voie : dès le lycée, je suis partie en arts appliqués à l’École Boulle (le bac s’appelle aujourd’hui ST2A). Ensuite, j’ai fait un BTS design de produits et un DSA design de produits — un diplôme supérieur de concepteur-créateur en création industrielle. Ce sont des études très orientées projet : penser l’usage, les scénarios, dessiner, tester, réessayer.

J’ai l’impression que ces études orientent soit vers de grandes entreprises pour y développer le design, soit vers le fait de porter ses propres projets.

Les projets à l’école t’ont-ils donné envie de te lancer rapidement à ton compte ?

Pas forcément. Ce que j’aimais, c’était l’exploration : mener l’enquête, faire des recherches, choisir la meilleure solution, tester et itérer. Les sujets peuvent être très variés, et ça me plaisait d’en explorer plusieurs.

Il y a aussi un autre aspect : nos études sont très féminisées — on devait être environ 80 % de femmes. Avec des camarades, on se disait qu’il fallait inverser la vapeur et faire notre place dans ce milieu. Ajoute à cela une histoire familiale tournée vers l’entrepreneuriat… On s’est dit qu’avoir notre propre studio nous permettrait de mener les projets comme on l’entendait.

Tu as été l’une des pièces maîtresses de Ravage, avec cette envie et ce leadership, notamment sur la place des femmes ?

On était quatre femmes au départ, avec des motivations différentes. Deux ans après la fin des études, chacune avait eu des expériences variées. J’ai fait un pas de côté en travaillant dans l’entreprise familiale de mes parents (immobilier) : peu de lien direct avec le design, si ce n’est le volume et l’espace. J’y ai vu la vie d’une entreprise familiale, ce qui m’a donné le goût de la gestion et de l’indépendance.

Mes associées avaient, elles aussi, leurs raisons : changer de sujet après une grosse structure, reprendre la main, ou élargir leur champ d’action pour ne pas « laisser partir » un projet quand il passe entre d’autres mains.

D’où la création de Ravage, un studio de design multi-sujets. Quelle était la palette d’offres, et qu’est-ce qui ressort aujourd’hui ?

Notre tagline : « images, espaces, objets ». Très vite, ça s’est appliqué à l’événementiel : disposition et design des stands, communication sur site et en amont. On aimait la temporalité de projets intenses sur quelques mois, puis le moment où on les voit vibrer.

Comment vous répartissiez les rôles ? Et toi, quelles étaient tes missions ?

J’étais plutôt côté design de stand avec mon associée Natacha. On avait aussi une partie graphisme. J’avais en plus une casquette gestion de projet : administratif et budget. Natacha portait davantage le narratif et l’image.

Et tout cela fonctionne… jusqu’au Covid ?

C’est ça. On se voyait continuer, et puis le Covid est arrivé : plus de projets. On a senti le vent tourner avec un salon en Asie annulé dès janvier 2020. Tout notre planning 2020 a sauté en cascade. Il restait un peu de communication 2D, mais on a compris que les choses allaient changer durablement.

Ce temps de recul nous a fait questionner l’événementiel : on mobilise beaucoup de matière pour des événements de deux ou trois jours, avec beaucoup de déchets. Des solutions existent — location, réemploi — mais elles sont difficiles à mettre en œuvre.

On travaillait beaucoup avec des restaurateurs : pour eux, recréer leur univers en salon implique location de matériel et décors, alors que leur lieu et leur matériel existent déjà. On s’est dit : l’univers, on peut tout simplement aller chez eux.

C’est là qu’a germé Salive, votre deuxième société.

Oui. On avait le nom et l’intuition : créer un autre lien avec les restaurateurs et penser l’événement autrement. Pendant le confinement, l’évidence est venue : restaurants fermés ou contraints, déplacements limités…

Avec Natacha, à la pause déjeuner, on « jouait » à voyager en une heure : un repas, une épicerie, quelques courses. On s’est dit que tout le monde ne se raconte pas cette histoire-là — d’où l’idée d’un voyage culinaire.

Le 12 mai, retour au bureau, masquées ; on est allées voir les restaurateurs : « On veut créer des micro-voyages dans notre ville. Les gens auront une carte et des tickets ; vous leur remettrez une portion contre un ticket. » Tous ont dit oui : il fallait se réinventer. Premier micro-voyage gustatif le 6 juin 2020.

Le concept, en quelques mots ?

Se dépayser dans sa propre ville via un micro-voyage gustatif. Sur notre site, on choisit l’une de nos huit balades parisiennes, soit par quartier, soit par thématique alimentaire.

Le jour J, on se rend au point de départ (le premier restaurant) pour récupérer un kit : couverts, serviette et une carte-guide pour 1 h 30 à 2 h de balade.

C’est un peu un jeu de piste : on échange des tickets à chaque étape chez des restaurateurs indépendants, et on goûte une spécialité. Le parcours suit la logique d’un menu — entrée, plat, dessert — et chaque portion reflète l’identité du lieu et raconte son histoire. C’est compatible avec un régime végétarien.

Ça donne envie de le tester. On va le faire chez Microco, c’est sûr. Comment avez-vous trouvé vos premiers clients sur ce nouveau marché ?

On s’est appuyées sur nos compétences de designers pour la communication. On a lancé un compte Instagram tout de suite et mobilisé des amis pour relayer. Le démarrage s’est fait par Internet et les réseaux sociaux.

Avez-vous pensé à des partenariats ou à recruter un profil commercial ? Quelle ambition pour Salive ?

L’ambition a évolué. Aujourd’hui, on voudrait que Salive devienne notre activité principale. On parle surtout à des particuliers et on a de très bons chiffres : entre 2 000 et 3 000 clients (autour de 2 400 sur l’année), la moitié venant désormais du bouche-à-oreille.

Environ 30 % des clients font au moins deux commandes dans l’année (deux parcours, ou un parcours puis un cadeau).

On fait aussi un peu de team building (10 à 40 personnes), sur le midi, le soir, ou intégré à un séminaire, avec adaptation de parcours ou sur-mesure.

Après cinq ans d’existence et presque deux ans en société dédiée, on voit bien que nos compétences de designers sont parfaites pour développer le produit, mais il nous manque la corde commerciale pour passer un cap et monétiser au-delà de la simple vente au grand public.

Des actualités ou nouveaux formats ?

Nous avons huit parcours. On développe des offres autour de chacun : par exemple, au Village Charonne, une carte adaptée aux enfants pour partager la balade en famille.

Nos parcours actuels sont en cinq étapes sur l’heure du déjeuner. On veut aussi explorer d’autres formats : quelque chose autour du café de spécialité (par exemple un pairing café-pâtisserie), des expériences plus courtes.

Toujours à Paris et proche banlieue : côté Pantin, les Puces de Saint-Ouen… Et si on devait se développer ailleurs, on aime bien Lille. L’idée est de parler aux locaux de chaque ville.

Côté organisation et sourcing des talents — stages, freelance, CDI — quels conseils ?

Ça dépend de beaucoup de facteurs. Quand Ravage était l’activité principale (avant Covid), on a toujours commencé par les stages — aujourd’hui plutôt l’alternance — pour apprendre à connaître quelqu’un et construire une relation.

Nous avons embauché en CDI quand c’était leur souhait, ou retravaillé régulièrement en freelance avec d’anciens stagiaires.

Le Covid a rebattu les cartes, et pour une petite structure, le nerf de la guerre reste la trésorerie et la flexibilité — difficile d’imaginer sans un minimum de financement.

Quels statuts juridiques pour Ravage et Salive ?

Au début, Salive était dans Ravage. Aujourd’hui, Ravage est une SARL et Salive une SAS. Nous sommes associées toutes les deux, et Ravage détient une petite part de Salive : ça nous donne de la flexibilité entre les structures.

Derrière ce choix, il y avait aussi notre vision : dans le design, beaucoup sont freelances, avec une certaine précarité. Nous voulions une vraie structure pour être solidaires et salariées de nos entreprises : meilleure couverture sociale, congés maladie, retraite… Les salaires ne sont pas énormes, mais ils sont lissés et donnent de la sécurité.

Il y aurait d’ailleurs à repenser le modèle auto-entrepreneur/freelance pour plus de protection.

Vous n’êtes plus que deux aujourd’hui. Qu’est-ce que l’association à deux vous apporte ? Et ses limites ?

Dans nos métiers, travailler seul n’est pas si intéressant. À deux, on a un ping-pong créatif, et moralement, l’une remonte l’autre. Ce n’était pas une amitié au départ, mais c’est devenu une relation presque symbiotique.

Le désavantage : si l’une dit blanc et l’autre noir, il faut trancher. Ne pas rester enfermées dans le binôme : aller chercher des avis, rencontrer des gens, s’ouvrir pour éviter les blocages.

Les défis de Lola et Natacha ?

Transformer l’essai avec Salive. Aujourd’hui, on fait tout nous-mêmes ; on aimerait passer à l’étape suivante, avec une ou deux personnes de plus, sous une forme à définir, pour solidifier le projet.

En 2025, parler à des particuliers dont le pouvoir d’achat est contraint rend le loisir plus compliqué. Notre défi : sécuriser l’activité.

Des conseils pour ceux qui veulent se lancer dans un parcours proche du vôtre ?

Au début de l’entrepreneuriat, nous étions très « entre nous ». Pour Salive, on a décidé de s’ouvrir : on a rencontré le ME93 (devenu Réseau Mieux Entreprendre). Ça a été un tournant : des conseils, des retours d’expérience, des contacts.

Je le referais dès le début : parler rapidement de son projet, le confronter, ne pas trop réfléchir trop longtemps pour ne pas bloquer l’action.

Votre actualité pour la rentrée ? Je vois de très beaux visuels…

On a imprimé des bons cadeaux pour un événement. Normalement, nos bons cadeaux se réservent sur notre site et arrivent par mail. Pour les entreprises (Noël se prépare), on crée des lots de bons cadeaux pour remercier les collaborateurs avec une expérience valable un an, à faire où ils veulent dans Paris.

Tu es aussi une grande cuisinière : ton compte Instagram personnel mêle recettes et narration. Tu nous en dis plus ?

Ça relie bien Salive : raconter des histoires autour de l’alimentation. C’est ma bulle : je cuisine et je raconte des histoires personnelles ou culturelles sur les recettes. Le fil rouge de ma vie, c’est la narration et l’alimentation.

Comment trouves-tu le temps dans ta semaine ?

J’ai testé plusieurs modalités. Quand on est entrepreneur, on pense sans cesse à sa boîte. Je trouve sain de garder, même en semaine, une matinée ou une journée pour écrire et cuisiner : ça nourrit le travail. Si vous vous lancez, gardez ce temps pour vous : ça libère la tête.

Merci beaucoup, Lola.

Merci, Coralie.

C’était très riche et Rendez-vous sur microco.com.

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