Loisirs
N°7 : Le cube à roulettes, le paradis des jouets

L’équipe d’Altavia Foundation vous emmène découvrir le monde merveilleux d’un micro-commerce qui a récemment ouvert à Saint-Ouen (93). Au-delà de l’univers magique de sa boutique, Elisabeth propose des jeux et des jouets sélectionnés avec soin mais aussi des petits créateurs et une offre de seconde main. Un projet à impact positif pour le quartier car Elisabeth organise des ateliers créatifs variés. De quoi faire plaisir aux petits comme aux grands. Laissez-vous embarquer dans ce témoignage sincère et touchant d’une entrepreneure aux milles idées !

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Bienvenue à toutes les personnes curieuses qui aiment les belles histoires d’hommes et de femmes entrepreneurs. Je pilote Altavia Foundation. À chaque podcast, laissez-vous embarquer dans les coulisses d’un micro-commerce et de son créateur : son quotidien, son ambition, ses freins, ses fiertés. Prêt à être inspiré ? C’est parti !

Bonjour à tous, bonjour Élisabeth, merci de votre accueil. Nous sommes aujourd’hui dans votre boutique, Le Cube à roulettes. Est-ce que vous pouvez nous décrire votre activité ?

Élisabeth : Bonjour, merci d’être venue. Le Cube à roulettes, c’est une boutique de jeux de société, de jouets pour enfants et plus grands, avec aussi un corner de créateurs et une offre de seconde main en jouets et vêtements.

Qu’est-ce qui se cache derrière l’idée et l’histoire du nom ? Comment avez-vous trouvé ce nom à la fois original et pétillant ?

Élisabeth : Le nom vient de mon premier projet : un camion-magasin de jouets que je voulais lancer. Le projet a été difficile à mener au bout, mais j’ai gardé le nom, lié à un jouet de mon enfance que mon frère m’avait fabriqué : un petit porteur, tout simplement un cube avec des roulettes, sur lequel je montais pour gambader. Ce nom était parfait pour le camion, et il l’est aussi pour la boutique : il évoque de beaux souvenirs d’enfance, un jouet simple que beaucoup d’enfants ont connu. Il est gai, pétillant et plein de souvenirs. Et puis l’itinérance, l’idée que « ça roule », ouvre à des rêves, des voyages, de l’imaginaire.

Ce mouvement, c’est aller de l’avant ; et le projet de mobilité reste présent ?

Élisabeth : Oui. L’histoire commence avec l’ouverture d’une boutique, mais l’envie de mobilité est toujours là : aller au cœur des quartiers, à la rencontre des clients, et ne pas seulement attendre qu’ils viennent à nous. C’est une nouveauté apparue après le confinement : les boutiques doivent aussi aller vers les clients.

Pour l’instant, vous avez posé vos valises à Saint-Ouen. Vous êtes d’ailleurs odonienne depuis deux ans. C’était important pour vous de vous implanter sur votre territoire ?

Élisabeth : Oui, et le déclic est venu de la demande. Je travaillais déjà dans le jouet à Paris. En déménageant à Saint-Ouen il y a deux ans, j’ai vu qu’il n’y avait pas de boutique de jouets. Les gens allaient dans le 18e ou à Gennevilliers, souvent en centres commerciaux. Il manquait une boutique qui propose du conseil et une vraie sélection. Je me suis dit : « let’s go », il y a quelque chose à faire.

Comment s’organise votre sourcing produit, et plus spécifiquement l’offre de seconde main ?

Élisabeth : Pour le neuf, je bénéficie de dix ans d’expérience dans le commerce de jouets. Le sourcing se fait en mode « entonnoir » : l’offre est exponentielle, des très grandes marques aux créateurs plus pointus. Je veux le meilleur de chaque univers. Je travaille avec de grandes marques — ce sont des jouets importants que les enfants aiment et qu’on s’attend à trouver en boutique — et j’aime aussi proposer une vision avec des marques plus petites. En ce moment, par exemple, j’ai une jeune marque belge qui propose des tapis de jeu. Je travaille aussi via une plateforme de créateurs qui fait déjà un tri. Cette sélection, c’est 80 % de mon travail : choisir pour proposer le meilleur.

Pour la seconde main, il y a deux volets : le dépôt-vente et le vintage. Le vintage, je le chine en brocantes, sur Le Bon Coin, sur Vinted. Je passe du temps à farfouiller pour dénicher des pièces qui plaisent aux nouveaux parents et qui me parlent : des Playmobil vintage, Action Man, les premières Game Boy… des articles pointus qui réveillent des souvenirs. Le dépôt-vente fonctionne sur rendez-vous : les personnes intéressées amènent leurs affaires. Je reste dans ma ligne directrice de boutique ; en général, on trouve un bon compromis.

On sent beaucoup de créativité. La mise en place est très soignée, avec un vrai sens du merchandising. C’est inné chez vous ou acquis ?

Élisabeth : Plutôt inné. J’ai fait une école d’art à Paris-Sorbonne, Saint-Charles. Dans mes expériences professionnelles, j’ai toujours eu envie de conjuguer l’artistique et le manuel avec la communication et la commercialisation. L’un et l’autre me sont indispensables. Ma boutique est mon reflet — c’est la particularité des petites boutiques : on offre un écrin à son image, et il faut y croire. C’est aussi ce que les gens aiment. Il y a des mots en tricotin au mur, des petites LED en forme de cœur, des affiches vintage de Bisounours, des affiches du magazine de la ville de Saint-Ouen… Mes petites passions ressurgissent. Le merchandising passe par le visuel et l’artistique : soit on le fait faire, soit on aime le faire — et c’est encore plus passionnant.

Revenons sur votre parcours entrepreneurial : quelle est votre histoire avant de vous lancer ?

Élisabeth : Parcours assez classique : un DESS (bac+5) en communication d’entreprise. À l’époque, le secteur était bouché — la pub avait le vent en poupe —, j’ai donc fait un remplacement chez Habitat & Humanisme, une association œuvrant pour la mixité sociale dans le logement. Un an en communication : passionnant. J’aurais voulu continuer, un poste devait être créé, ça ne s’est pas fait. J’ai bifurqué vers une autre passion : les vêtements. Pendant dix ans, j’ai été commerciale dans le prêt-à-porter femme luxe-créateur. Une deuxième école pour moi : un peu de compta, de commerce, de vente en boutique… Très formateur.

Travailler en petite structure vous a aussi attirée ?

Élisabeth : Oui, c’était un choix. Je ne voulais pas de grande multinationale. Promouvoir les TPE me plaisait davantage : je me sentais plus utile, même si le salaire suit moins. Mais en fin de journée, j’étais bien plus contente : il y a plus de sens. Ensuite, j’ai eu un enfant et, après un congé maternité prolongé, j’ai postulé à un poste de responsable d’une boutique de jouets dans le 17e : j’ai été prise. L’aventure a duré dix ans.

Quel a été le déclic pour ouvrir votre propre commerce ?

Élisabeth : Après vingt ans de salariat, l’idée de me lancer seule revenait souvent. J’ai des modèles familiaux : mes deux frères aînés sont entrepreneurs. Le salariat a été une étape pour apprendre, mais au bout de vingt ans, je me sentais suffisamment armée. En arrivant à Saint-Ouen et en constatant l’absence d’offre locale dans un secteur que j’aime, conjugué à l’enthousiasme autour des premières études menées sur les réseaux sociaux, j’ai décidé d’y aller.

Avez-vous été accompagnée pour la création ou le financement ?

Élisabeth : Oui. Dès que le projet a été clair dans ma tête, alors que j’étais encore salariée, j’ai contacté La Miel (93), qui m’a accompagnée dès le début, même avant la création. Ce qui est difficile au départ, c’est la régularité : se fixer des échéances. Avoir des rendez-vous avec un tuteur m’a apporté de la structure : savoir comment avancer, quelles étapes franchir. J’ai été suivie environ un an : six mois avant la création et six mois après. Je suis encore en lien avec mon tuteur : le projet évolue.

Côté financement, il y a eu les deux : 10 000 € d’apport — ma fin de contrat — et un prêt bancaire BNP de 25 000 €. Un budget finalement modeste (35 000 €). L’avantage : j’ai trouvé un local sans droit au bail, avec un loyer « brut » et sans travaux à faire. Ça m’a permis de démarrer rapidement. Quand j’ai trouvé ce local, je me suis décidée vite — ça a étonné ma famille et même mon tuteur — mais c’était une opportunité à saisir. C’est aussi ça, entreprendre.

Des conseils que vous auriez aimé recevoir et que vous pouvez transmettre aujourd’hui ?

Élisabeth : Une aide psychologique. Je ne l’ai pas demandée à l’époque, mais il y a de vrais hauts et bas. Je suis plutôt joyeuse et positive, pourtant j’ai connu de grosses angoisses et des doutes. Quand on est mère de famille nombreuse, on embarque tout le monde sur le paquebot… Une aide psy, je la conseille à tous, même ponctuellement : parler, apprendre à gérer stress et angoisse. Le coaching aussi, pourquoi pas. Je découvre aujourd’hui qu’il existe des coachs pour entrepreneurs ; je ne le savais pas au moment de me lancer.

La solitude de l’entrepreneur revient souvent. Avez-vous rejoint des réseaux ?

Élisabeth : Oui, un réseau se remet en place à Saint-Ouen. Il existait, mais était en stand-by. Il y a une émergence de jeunes entrepreneurs ; une artiste de la ville relance le groupe. On se retrouve le 31 mai pour échanger — ça va être bien. Et peut-être y trouver aussi ce soutien, ce coaching.

Parlons de votre engagement écoresponsable : comment se reflète-t-il dans votre commerce ?

Élisabeth : À plusieurs niveaux. D’abord la réutilisation et l’upcycling. J’ai aménagé la boutique avec des meubles de récupération : pour des raisons financières, mais aussi par plaisir de réutiliser. Je chine moi-même les encombrants, je repeins, je revisse, je pose du vinyle. Une partie du mobilier vient des encombrants, une autre de dons très généreux d’Odoniennes et d’Odoniens — voisins que je croise à la boutique — après un appel aux dons (les fameuses bibliothèques Ikea que tout le monde a). Plutôt que de jeter, on réutilise au quotidien. Je suis assez contre la surconsommation — ce qui est un vrai sujet dans le jouet. Les marques ont fait des progrès : moins de plastiques, plus de cartons recyclés. Certaines proposent désormais des fabrications en France avec des plastiques recyclés ; je privilégie ces gammes. Le choix écolo se fait aussi au sourcing. Et je travaille à vélo ; l’idée de mobilité à venir (Rosalie, triporteur) sera de toute façon écologique.

Vos ateliers participent aussi à l’animation du quartier. Vous nous en parlez ?

Élisabeth : J’ai testé pendant les vacances d’avril : c’était très sympa. Il y a un lien avec le quartier et avec l’upcycling. Je réutilise des matériaux de chez moi, je demande parfois aux enfants d’apporter de petits jouets pour créer. On a fait des tableaux Lego qui ont beaucoup plu. Prochainement : une carte pop-up pour la fête des mères. Toujours des activités créatives — j’adore ça. Je veux aussi faire intervenir des pros de la petite enfance pour des ateliers destinés aux (futurs) parents. Cette semaine, par exemple, un atelier portage avec Alix Perroté, la sage-femme à vélo de Saint-Ouen. J’aimerais inviter aussi une sage-femme qui propose des bains enveloppants pour bébés. En tant que maman, certaines infos m’ont manqué à l’époque ; j’aimerais que la boutique devienne un lieu-ressource où les parents trouvent ces informations.

Vous communiquez où sur ces ateliers et votre actualité ?

Élisabeth : Principalement Instagram et Facebook. Je n’ai pas encore de site — il arrive avec un deuxième projet : des pochettes surprise. L’idée : pour celles et ceux qui n’aiment pas venir en boutique, manquent de temps ou ne savent pas choisir, proposer une pochette surprise à 10 €, 50 €, 100 € ou 200 €, que je compose moi-même. Le site se développera autour de ce projet, que je vise pour la rentrée de septembre. Pour l’instant, les ateliers et la relation client passent par Instagram et Facebook : c’est rapide et le lien est direct. Les clients me contactent en MP ou au téléphone, et ça me va très bien.

Vous avez commencé à créer une clientèle de proximité, autour des écoles du quartier ?

Élisabeth : Oui. Le premier cœur de clientèle vient du « forum odonien » sur Facebook — environ 12 % de la population de Saint-Ouen. Je les ai sollicités dès l’idée en tête. Une cliente me demandait récemment si ça faisait déjà un an que j’avais ouvert : en fait, ça ne faisait qu’un mois et demi — elle me lisait depuis un an sur le forum ! J’ai aussi distribué des tracts, affiché dans certaines crèches et écoles. Le bouche-à-oreille prend. La mairie m’a aidée avec un article dans le journal de la ville — tiré à large diffusion —, et je remercie Camille.

Pour retrouver la boutique en ligne ?

Élisabeth : Sur Instagram, tapez « le », puis « cube », et vous trouvez. Sur Facebook : « le cube à roulettes » tout attaché. Il y a aussi une page Google avec photos et horaires à jour.

Merci Élisabeth pour ce beau témoignage. On vous souhaite une très belle aventure !

Élisabeth : Merci, bonne journée.

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